Allocution du 28 juin 2025 par Monsieur le Maire de Gragnague  Daniel CALAS

Mesdames et messieurs les représentants de l'autorité civile,

 

Mesdames et messieurs les élus, les représentants de l'autorité militaire,

 

 

Nous sommes réunis, comme chaque année, pour commémorer la disparition des fusillés du bois de la Reulle.

 

C'est ici, dans cette clairière, que s'est déroulé le drame.

 

C'est malheureusement souvent, le lot, de tous ceux qui ont combattu et qui sont morts pour défendre une terre qui     était ou qui, souvent même n'était pas la leur.

 

Et je vous demande d'avoir une pensée particulière pour nos amis belges et pour tous ceux qui ont donné la vie pour   une terre qui n'était pas la leur.

 

 

Merci au Groupe de Recherches des Fusillés du bois de la Reulle qui a effectué un travail colossal pour identifier ces   fusillés anonymes, leurs efforts ont été récompensés, mais la recherche continue encore. Merci enfin à vous tous, pour   votre présence.

 

 

Cette commémoration permet de saluer la mémoire des victimes de guerre, mais, comme toutes les commémorations,   elle nous offre également l'occasion de rendre hommage à tous les soldats français, mais aussi étrangers, qui ont   donné  leur vie.

 

 

Les nombreux porte-drapeaux, présents aujourd'hui nous rappellent, l'engagement des habitants des communes   voisines qui ont payé un lourd tribut au cours de différents conflits, mais au-delà, ils témoignent le sacrifice de tout un   peuple pour la liberté.

 

 

Je voudrais tout d'abord vous dire l'importance que j'attache, et que je continuerai à attacher, en tant qu'élu, au devoir   de mémoire, élément essentiel de notre conscience collective et citoyenne.

 

Mesdames et messieurs, ce moment de rassemblement permet d'honorer la mémoire, de celles et de ceux qui   sacrifièrent leur vie ou leur jeunesse et souffrirent dans leur chair à cause de ce conflit cruel. Il est important que les   jeunes générations puissent connaître la réalité de cette guerre et la réalité de la guerre.

 

C'est aussi cela, le devoir de mémoire.

 

C'est grâce à vous que la mémoire des événements souvent décisifs dans l'histoire de France peut être partagée par nos   concitoyens et mieux, comme des jeunes générations.

 

Les actes historiques renforcent les liens entre les générations et la compréhension du présent n'est nécessairement la   compréhension du passé.

 

Au-delà des anciens Combattants, la date du vingt-sept juin mille neuf cent quarante-quatre appartient à notre   histoire.

 

Elle appartient à notre peuple tout entier.

 

Cette mémoire vivante est le rempart de la démocratie et de la République face aux dérives animiques et à la haine   entre les communautés attisées par les agissements barbares de certains de nos contemporains.

 

Souvenons-nous que tous les jours, des femmes, des hommes, des enfants meurent dans l'indifférence générale.

 

Notre pays à l'intérieure nécessité d'écrire une nouvelle page de son histoire, celle de l'amitié entre les peuples, à vivre   dans la fraternité et à partager l'idéal de paix, de progrès et d'humanité.

 

Nous devons collectivement tirer les enseignements de tous les conflits pour mieux appréhender le présent et l'avenir.

 

L'histoire, toutes les histoires qui font que ce que nous sommes aujourd'hui doivent encore et toujours être expliquées.

 

Ces commémorations sont indispensables et ces monuments également.

 

Pour être ambitieux pour notre avenir, nous devons être lucides sur chaque période de notre passé et nous devons être   déterminés à entretenir notre mémoire.

 

Forts de cette histoire partagée, convaincus d'un avenir commun à construire, nous pouvons alors partager ces   précieux instants comme aujourd'hui.

 

Cette commémoration est donc l'occasion de méditer sur les méfaits du nationalisme et de l'impérialisme, d'affirmer   notre refus de la banalisation de la guerre, quel que soit l'endroit où elle se déroule.

 

Elle est l'occasion de dire qu'il faut toujours dialoguer et reconnaître aux hommes et au pays le droit d'exister et de   s'administrer librement.

 

C'est le plus beau moyen de rendre hommage aux soldats de la Guerre mondiale qui aspirait à la paix à l'issue de cette   effroyable mal.

 

Ayant toujours à l'esprit que seule la diplomatie, reliée à des solutions politiques, peut aboutir à une paix durable dans   un ordre accepté par tous.

 

Je veux insister enfin sur le fait que le monde combattant nous rappelle en permanence les valeurs de notre pays, les   droits et des droits inhérents aux actions qu'il a accomplies et qui impliquent une reconnaissance légitime.

 

Nous accomplirons ainsi notre devoir par les regards de ceux qui nous ont légué nos valeurs républicaines et donné   leurs repères moraux.

 

Honorer leur mémoire nous impose de faire vivre ces valeurs au quotidien, en France, en Europe et partout dans le   monde.

 

Aujourd'hui, plus que jamais, nos sacrifices vont continuer à nourrir notre réflexion, à inspirer nos actes et nos   décisions pour tenter, partout et toujours, de construire et de maintenir la paix. Souvenez-vous de ces mots de Saint-   Exupéry :

 

La guerre n'est pas l'acceptation du risque, n'est pas l'acceptation du combat. C'est à certaines heures, pour le   combattant, l'acceptation pure et simple de leur mort.

 

 


                        Allocution du 28 juin 2025 par Madame la Maire de Castelmaurou Diane ESQUERRE

 

Mesdames et messieurs, en vos qualités et fonctions.

 

 

Nous sommes réunis aujourd'hui au cœur du bois de La REULLE pour rendre hommage aux quinze hommes qui furent fusillés ici même, victimes de la barbarie nazie.

 

 

Ce lieu chargé d'émotion n'est pas seulement un lieu de mémoire. Il est un sanctuaire où chaque arbre, chaque pierre portent l'empreinte du sacrifice de ces hommes fauchés dans la fleur de l'âge, pour certains encore si jeunes. 

 

Ils étaient quinze militaires aguerris, artisans, commerçants, étudiants. 

 

Ils étaient avant tout fils, époux, pères ou frères. Mais tous étaient des patriotes d'une loyauté absolue envers leur pays.

 

Leur crime ? Avoir dit non à l'occupation et au régime Vichy. 

 

Leur force ? 

 

Une volonté farouche de se battre pour la liberté, une envie folle de redonner l'espérance et la dignité à la France bafouée. 

 

Il y a plus de quatre-vingt ans, des hommes et des femmes de tout âge, de toute condition, de tout pays, rejoignaient l'armée de Londres au péril de leur vie et par devoir patriotique. 

 

C'est un vaste mouvement nourri des valeurs transmises par la République qui naît en France dès les premières semaines de l'occupation et qui s'intensifie après l'appel du général De Gaulle le dix-huit juin quarante. 

 

Au fil des mois, des réseaux s'organisent. 

 

Le courage et l'abnégation sont les caractéristiques fondamentales de ces femmes et de ces hommes qui risquent leur vie pour protéger leurs compatriotes et pour combattre l'oppression.

 

 

Dans l'ombre des dénonciations, des raptus et des silences complices. 

 

Quel courage faut-il pour endurer des conditions si difficiles ? 

 

Quel courage que de faire passer le bien commun avant sa propre sécurité.

 

Quel courage que de défier la mort pour accomplir son devoir. 

 

Les années passent déjà. 

 

Quatre ans d'occupation, de privations et d'exactions. 

 

La France est exempte. La population vit dans la peur de la délation. Dès début quarante-quatre, les actions conjointes des troupes alliées et de la résistance s'intensifient, permettant la libération progressive du pays auprès de violents affrontements. 

 

Depuis le département de Normandie, l'espoir renaît. On sent que la victoire est proche. 

 

Mais ce vingt-sept juin quarante-quatre restera une date funeste pour les communes de Gragnague et Castelmaurou.

 

Quinze hommes résistants pour beaucoup de la première heure dont nous honorons la mémoire aujourd'hui, sont convoyés jusqu'à cette clairière et y sont lâchement exécutés après avoir été contraints de creuser leur tombe. 

 

Ces hommes qui incarnent comme des milliers d'autres l'honneur de la France avaient un nom que nous n'oublions pas. 

 

Charles de Hepcée, Joseph Guillaud, Jean-Marie Ducasse, Noël Prunetta, Marcel Mercier, Jean-Louis Bélvezet, Roger Cazenave, Jean Pagès, Claude Charvet, Robert Toubiana, Raoul Sarda, Marcel Joyeux, Pierre Cartelet, Jean-Baptiste Giorgetti et le quinzième reste encore anonyme. 

 

Nous ne leur devons plus qu'un hommage. 

 

Nous leur devons notre engagement à défendre cette valeur pour laquelle ils ont bravé la mort qu'est la liberté. 

 

Liberté aujourd'hui vulnérable face aux dérives de notre époque et dont la fragilité nous rappelle à notre responsabilité collective. 

 

En ces temps troublés où l'histoire bâtit, je vous invite à faire vivre leur souvenir. 

 

C'est pour cette raison que chaque année, nous sommes réunis devant ces stèles, témoins muets du courage et symboles des vies fauchées. Nous pouvons également avoir une pensée pour les familles qui ont dû continuer à vivre avec l'absence et dans le souvenir de l'être aimé. 

 

Je profite également de ce moment pour rappeler le travail mené pendant de nombreuses années par les associations patriotiques, le Groupe de recherche, les familles des fusillés, les élus des communes de Castelmaurou et de Gragnague, les autorités judiciaires, les personnels des archives de l'armée et de la gendarmerie et bien sûr les scientifiques d'institut médico-légal de la faculté de médecine de Strasbourg qui ont œuvré à l'identification de quatre inconnus.

 

 

Je salue aussi l'initiative de Lucien Pouget, mon prédécesseur, qui avait permis de conserver les dépouilles des cinq résistants fusillés.

 

Alors que l'oubli menace et que certains remettent en question la réalité des événements historiques, pour maintenir vivante la mémoire de tous ces hommes et ces femmes civils et militaires, il est de notre devoir de nous souvenir, de transmettre et de témoigner. 

 

La mémoire doit être notre combat commun, unissant nos voix et nos consciences. 

 

En mémoire de toutes les victimes des conflits passés, actuels, vive la République et vive la France. 

 


         Allocution du 28 juin 2025 par Monsieur René Jean  DURAND Président du groupe de recherches 

 

Madame la Députée,

 

Monsieur le Directeur de l’ONACVG 31,

 

Mesdames et messieurs représentants les conseils régional et départemental,

 

Madame et monsieur les maires de Castelmaurou et de Gragnague,

 

Mesdames et messieurs les maires des communes voisines et des communautés de communes,

 

Mesdames et messieurs les élus,

 

Messieurs les représentants des armées française et belge, de la gendarmerie,

 

Madame la Directrice du Laboratoire de Génétique de l’Institut de Médecine Légale de Strasbourg,

 

Monsieur le Délégué Général, Mesdames et Messieurs les présidents de Comités du Souvenir Français de la Haute-Garonne,

 

Mesdames et Messieurs les représentants de l’Association Nationale des Descendants des Médaillés de la Résistance Française,

 

Mesdames et messieurs les présidents d’associations mémorielles et patriotiques,

 

Mesdames et messieurs les porte-drapeaux,

 

Mesdames et messieurs les descendants des fusillés,

 

Chers enfants, chers amis,

 

 

En ce 28 juin 2025, nous nous retrouvons comme chaque année depuis 2004, dans ce lieu paisible qui fut le théâtre d’un massacre, pour honorer la mémoire de quinze hommes, exécutés dans ce bois de la Reulle, le 27 juin 1944, par les nazis.

 

 

Ils furent assassinés parce que, ils s’étaient levés devant l’occupant et incarnaient des valeurs chères à leur cœur.

 

La liberté, le courage, le refus de la compromission.

 

 

L’idéal qui les animait dépassait celui du commun des mortels et les a conduits au sacrifice suprême.

 

Souvenons-nous de ces hommes et rappelons leurs noms pour qu’ils ne passent pas d’en l’oubli.

 

 

Jean-Louis BELVEZET, 28 ans, résistant de Haute-Garonne.

 

Pierre CARTELET, 32 ans, instituteur, dirigeant des Compagnons de France dans les Pyrénées-Orientales,

 

Roger CAZENAVE, 29 ans, plâtrier à Lourdes, militant FTP,

 

Claude CHARVET, dit "Souris", 22 ans, étudiant en sciences naturelles,

 

Jean-Marie DUCASSE, 42 ans, garagiste à Lannemezan, impliqué dans les MUR, l’AS, et des réseaux de passage,

 

Jean-Baptiste GIORGETTI, alias "Jean Maigret", 26 ans, militaire de carrière, résistant en Corse, en Angleterre et à Toulouse,

 

Joseph GUILLAUT, alias "Le Corsaire", 49 ans, chef régional de l’ORA,

 

Charles de HEPCÉE, 33 ans, aviateur, résistant discret et efficace,

 

Marcel JOYEUX, dit "Joly", 33 ans, officier, pilier des réseaux Combat, Morhange et Mithridate,

 

Marcel MERCIÉ, 32 ans, épicier à Toulouse, membre du groupe Morhange,

 

Jean PAGÈS, 43 ans, fonctionnaire de la police et résistant de Haute-Garonne.

 

Noël PRUNETA, 25 ans, militaire de carrière, responsable ORA des Pyrénées,

 

Raoul SARDA, 44 ans, agent immobilier à Auch, engagé dans le réseau Action,

 

Robert TOUBIANA, dit "Frantz", 31 ans, marchand de biens à Toulouse, résistant actif dans les MUR et les maquis,

 

Jaime SOLDEVILA, 38 ans, résistant de Haute-Garonne, qui survécut à ce jour tragique,

 

 

Et un homme resté inconnu, dont nous poursuivons l’identification, pour que son nom rejoigne enfin ceux de ses frères d’armes.

 

Ils venaient d’horizons divers. Ils avaient chacun leur parcours, leurs raisons de se battre. Mais ils étaient unis par une seule cause : la liberté et l’honneur de la France.

 

 

Ils ont refusé l’humiliation, la collaboration, la compromission.

 

 

Nous leur devons cette liberté si chère aujourd’hui.

 

 

Ils nous chuchotent sous cette frondaison silencieuse que la paix n’est jamais acquise.

 

 

Nous tous, disons-leur simplement merci.